Contribution à la méthodologie de la formation théorique.

« Efforcez vous de donner pour but essentiel à votre organisation l'éducation personnelle, la formation de sociaux-démocrates
convaincus, fermes et conséquents. Séparez le plus strictement possible ce travail de préparation extrêmement important et
nécessaire de l'activité pratique immédiate. »
Aux élèves des écoles secondaires, Vladimir Lénine, L'« Iskra » n°29, 01/12/1902, in. « Textes sur la Jeunesse »
La formation des militants communistes repose sur quelques principes (formation collective, formation « de
masse », formation individuelle et formation personnelle) que nous allons résumer ici, sachant que les méthodes
proposées peuvent bien sur être améliorées et/ou adaptées selon les circonstances.
Toutefois, nous estimons que ces méthodes fournissent une base sûre à toute étude théorique et analytique et
qu’une adaptation doit se faire dans le respect de la formation par accumulation d'expérience et d'acquis par la
confrontation à la réalité pratique et entre militants.
Tout d'abord, qu'appelons nous formation ?
La formation théorique d'un communiste repose sur le principe illustré par la fameuse citation de Lénine : « Sans
théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». Elle consiste à donner à des militants une arme qui leur
explique les phénomènes sociaux et économiques environnants.
La compréhension de ces phénomènes permet l'action, et une compréhension scientifique amenant
conséquemment à une action révolutionnaire, la théorie mérite parfaitement d'être qualifiée comme une arme.
Ce n'est pas pour autre chose que la bourgeoisie ne cesse de l'attaquer, en appelant continuellement « au
dépassement du marxisme » et ce n'est pas pour autre chose que nous devons l'utiliser.
Cette acquisition de la théorie se fait en deux parties : une étude théorique de phénomènes ciblés et une pratique
qui confronte l'étude à la réalité, qui par cette confrontation amène à une nouvelle étude par l'action pratique et l'analyse.
Nous examinerons ici essentiellement l'étude théorique proprement dite, ce qui ne doit pas amener à minimiser
l'autre partie, nécessaire à toute étude sérieuse.
L'étude théorique proprement dite donc, se compose elle-même de deux parties : une étude des principes
économiques et sociaux à partir de traités scientifiques et une analyse des phénomènes environnants à l'aide de
ces principes.
Nous devons souligner le fait que lorsque nous étudions un livre de Karl Marx ou de Joseph Staline nous
n'étudions pas l'oeuvre d'une personne à cause de cette personne, mais à cause du caractère et de la valeur
scientifique de l'ouvrage.
De la même manière qu'un physicien se doit de lire le traité sur la théorie de la relativité générale d'Einstein pour
comprendre celle-ci, nous devons étudier le traité sur l'impérialisme de Lénine pour comprendre celle-ci.
Pour la plupart des militants communistes ceci est déjà acquis et devrait couper court aux accusations de
« dogmatisme » ou de « culte de la personnalité » portées régulièrement contre la formation idéologique des
communistes.
Cela dit, l'étude est au départ plus ou moins dogmatique, comme le disaient en 1965, les communistes soviétiques
face à l'accusation de dogmatisme portée des révisionnistes :
Y-a-t-il eu dogmatisme du temps de Staline ? Oui, il y en a eu. Nous répondons ainsi, sans nullement craindre ce fait. Le
dogmatisme a été le résultat naturel et inévitable de notre ignorance générale, de la période d’apprentissage pour l’assimilation
du marxisme par les masses. Chaque arme au moment de son assimilation, nous l’assimilons de manière dogmatique.
L’utilisation libre, créatrice va de pair avec la maîtrise. Il en va de même dans le domaine de la pensée dialectique aussi. Cela
est compréhensible pour toute personne qui désire comprendre quelque chose. Ce dogmatisme initial doit être surmonté, mais
cela ne signifie pas que nous devons vendre le marxisme, comme le font les opportunistes, le remplacer par la liberté
bourgeoise d’opinion. Les bourgeois sont libres dans leur opinion, parce qu’elle est complètement vide.
(PROCLAMATION-PROGRAMME DES COMMUNISTES (BOLCHEVIQUES) RÉVOLUTIONNAIRES SOVIÉTIQUES)-(1)
Ce dogmatisme doit être conscient et être dépassé par l'analyse et la confrontation pratique chez les
communistes.
Nous ne nous contentons pas de réciter nos leçons sans les confronter, en effet, cela serait rejeter la pratique et
l'analyse qui constituent le « noyau dur » du travail militant.
Le comportement inverse, consistant à refuser l'étude théorique car « rien ne prouve que c'est vrai », revient à se
priver des moyens de prouver la validité ou l'invalidité de la théorie concernée et à utiliser l'argument du relativisme
bourgeois et du subjectivisme comme prétexte pour ne pas faire de travail militant.
Nous voyons qu'un militant communiste digne de ce nom se doit d'étudier les principes théoriques, pour que la
confrontation de ceux-ci avec les phénomènes pratiques puissent à la fois prouver la validité d'une thèse, comprendre le
phénomène, et permettre l'action.
Une fois l'intérêt de la formation dégagée, nous nous devons d'aborder la question de la méthode d'étude.
La formation principale d'un militant communiste doit se faire en cellule, en particulier à cause des priorités
d'étude qui y sont définies selon la pratique, les problèmes actuels devant être résolus, le niveau idéologique global de la
cellule, etc.
La base de cette étude théorique doit être premièrement les démonstrations et les thèses développées par
les savants matérialistes dialecticiens (ce qui n'empêche pas un appui éventuel à d'autres développements si ils sont
utiles dans la formation), afin de donner les « outils » nécessaires à l'analyse.
Comme tout les militants sont censés devoir faire le même travail minimal d'analyse et de pratique, cette formation
en cellule est collective et doit être obligatoire pour tous ; chacun devant « potasser » les théories développées pour
ensuite, lors d'une réunion de cellule, par la confrontation des acquis de chacun et par l'explication de ceux-ci, être
« fixées », par la rédaction d'un résumé du chapitre ou de l'oeuvre étudiée.
A la fin de ce travail d'étude, l'étude doit avoir permis l'acquisition par tous les militants d'une cellule d'une
même théorie, servant de base aux analyses.
Cet enseignement en cellule doit être distinct et prioritaire sur les autres (que nous citons plus bas), les
militants devant continuer celui-ci quels que soient leurs goûts personnels de lecture de travail etc., étant entendu que
c'est par cette étude (et bien sur par une pratique communiste) qu'ils peuvent agir.
Bien sûr, le matérialisme dialectique et son étude n'est pas réservé à une élite militante et peut (doit) être
accessible à tous ceux qui le veulent, d'autant plus que même l'étude tordue du marxisme est en voie de raréfaction
dans l'enseignement bourgeois de l'économie, de la sociologie, de l'histoire et de la philosophie.
Cette étude à un but, au delà de donner une formation à ceux qui la demandent, c'est de pousser ces
personnes à devenir des militants marxistes-léninistes.
Néanmoins, on ne peut pas leur demander le même travail qu'à un militant. Là où, en cellule, la discipline impose
aux communistes ce travail d'étude, pour ces personnes il s'agit de bonne volonté de leur part (qui peut être renforcée
par la pratique et le travail en général des militants comme exemple).
De plus ces personnes n'ont souvent qu'une idée vague et imprécise de ce qu'est la théorie communiste (si une
personne possède une connaissance approfondie du matérialisme dialectique et qu'elle se refuse à militer, il y a un
problème qui n'est pas de l'ordre de l'étude elle-même), il faut donc aborder les bases (explication et définition du
capitalisme ou de la plus-value par exemple).
Pour cela, les résumés faits par les militants au cours de leurs études, ou des cours fluides peuvent servir
de base à cet enseignement, si il n'y est pas limité : on doit, en partant de ce texte qui ne fait que résumer, qui ne peut
pas totalement démontrer la thèse, proposer une étude approfondie par l'étude de la source (pour reprendre l'exemple de
la plus-value, un court cours sur celle-ci doit être accompagnée d'une bibliographie fortement conseillée et comprenant le
livre de Karl Marx « Travail, Salaire et Capital »).
Les militants communistes qui s'occupent de cette formation « externe » doivent bien entendu avoir parfaitement
assimilé les concepts qu'ils enseigneront.
Il est évident que toutes les personnes souhaitant étudier ces bases doivent faire un effort pour que la
confrontation des acquis qui suit cette étude aie un sens et débouche sur une conclusion scientifique : si 3, 4, 5
personnes seulement expliquent au reste du groupe ce qu’ils ont compris de l’étude, comment les autres membres de ce
groupes pourraient-ils tenir un débat objectif par la confrontation de leur propres acquis si ils n’ont pas étudié l’oeuvre ?
Ce retour vers la démonstration elle-même permet de repérer qui est prêt à s'investir dans l'étude en particulier et
dans le travail militant en général.
L'étude tournée vers les masses doit amener des éléments avancés parmi celles-ci à une étude
communiste, militante, que l'on a évoqué plus haut.
Si l'étude prioritaire doit être collective et « standardisée », cela n'empêche pas l'étude individuelle, qui doit au
contraire être encouragée : l’abondance de savoir ne nuit vraiment qu’à la domination de la bourgeoisie.
Encore faut-il que cette formation individuelle soit bien encadrée par la cellule et les communistes la
composants et par autodiscipline.
Si l’étude de la cellule porte sur l’impérialisme, rien n’empêche qu’un militant, en plus de l’étude de
« L'impérialisme, stade suprême du capitalisme », n’étudie en plus d’autres ouvrages sur ce sujet.
Non seulement il comprendra d’autant mieux le principe de l’impérialisme en confrontant ces divers ouvrages avec
la théorie étudié en cellule mais il sera d’autant plus apte, en exposant ses acquis au reste de la cellule (et bien sur en
fournissant l’accès aux sources) à aider à la compréhension de tout les militants.
L’autre intérêt de cette formation individuelle est l’appropriation des moyennes d’analyse. Pour cela, avec
bien sur une étude individuelle guidée par les priorités collectives, on peut y ajouter une étude personnelle, sur des sujets
non prioritaires, choisis par le militant et, si possible, validée par la cellule pour empêcher une trop grande dispersion.
Si cette étude ne se fait pas au détriment de l’étude principale elle permet d’affiner ses outils analytiques
(en étudiant le mode de production féodal, on analyse les phénomènes historiques, ce qui permet de s’entraîner à
l’analyse en général) mais aussi de proposer, en mettant « au propre » les conclusions que l’on fait du sujet et en
les rendant accessibles au reste de la cellule, un fonds commun d’analyses et de bases de travail pour toute la
cellule et les personnes intéressées.
Ces outils analytiques peuvent être utilisés de plusieurs manières.
L'exemple le plus flagrant est la prise d'une position par la cellule, par exemple celle de la cellule ou de
l'organisation sur les élections. Ces positions sont importantes car elles décident d'une tendance de la pratique
collective pendant une période donnée. Il est donc nécessaire que chaque militant puisse analyser correctement la
situation pour que tous puissent avoir une position basée sur le matérialisme-dialectique et donc une pratique réellement
tourné vers une optique révolutionnaire.
L'analyse a bien sûr d'autre usages, comme lors de l'écriture d'articles, dans la formation, dans la démonstration
scientifique, etc.
L'analyse basée sur le matérialisme dialectique est la seule base sur laquelle on peut asseoir une pratique
réellement communiste. Pour pouvoir la maîtriser, une formation basée sur des principes scientifiques et une méthode
saine est nécessaire. Ainsi nous pouvons compléter cette citation de Lénine :
« Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire... Seul un parti guidé par une théorie d’avant-garde peut
remplir le rôle de combattant d’avant-garde. »
Signé : JCML d’Albi – avril 2008
(1) - Http://www.geocities.com/komintern_doc/komintern065.htm

Commentaires

jonas a dit…
"A tout moment, à tout propos, un membre du Parti doit tenir compte de l’intérêt du parti dans son ensemble et placer l’intérêt du parti au-dessus de ses problèmes et de son intérêt personnel"

Je suis tout a fait d'accord avec ses propos mais je pense que la mondialisation empêche la réalisation de l'interêt général!!!
Ceci est inquiétant car je constate que le rapport aux autres est toujours véhiculé par un interet personnel.

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