Mort de Modibo Kéita : Amadou Djicoroni non coupable .

Le procès opposant les héritiers de feu Faran Samaké à Amadou Seydou Traoré dit Djicoroni a finalement eu lieu, hier, dans une salle archi- comble du tribunal de la commune III du district de Bamako. Le président du tribunal, Karamoko Diakité, a jugé Amadou Seydou Traoré Djicoroni non coupable des faits de diffamation. Il a débouté les parties civiles de leur demande et a ordonné la restitution de leurs commissions.

Les témoins auditionnés étaient, entre autres, le capitaine Sounkalo Samaké, le Dr Sémoulou Kéita, Mme Diarra Astan Traoré, Amadou Tandina. L’ancien président, le général Moussa Traoré et le colonel Youssouf Traoré ont refusé de témoigner. Le capitaine Sounkalo Samaké est revenu sur ses déclarations concernant la mort de Modibo Kéita qu’il avait retrouvé au pied de son lit, en train de baver, de remuer les lèvres sans parler. C’est par la suite, a-t-il dit, qu’il a appris la mort de l’ancien président de la République. Faran Samaké, a-t-il dit, faisait les ordonnances et l’infirmier major assurait le traitement. C’était, a-t-il dit, les seules personnes qui avaient accès à la chambre de Modibo Kéita. Les témoins ont été unanimes à dire qu’il n’y a pas eu d’autopsie.

Le Dr Sémoulou Kéita a fait état de sa visite, accompagné de son père à la morgue du Point G où il avait aperçu des gouttes de sang sur le nez et la bouche de Modibo Kéita. Il a précisé que Faran Samaké, qui était présent, avait demandé qu’on n’emporte pas le mouchoir qui avait essuyé le sang et qu’il avait fait tomber par terre. Les témoignages se sont succédé, les uns plus accablants que les autres.

En effet, on a entendu Mme Diarra Astan Traoré dire que feu Faran Samaké lui avait dit que c’est Tiékoro et Kissima qui lui avaient donné l’ordre de tuer le président Modibo Kéita. Amadou Tandina, soldat à la retraite, a témoigné avec le Coran à la main, qu’à Taoudénit, Tiékoro Bagayoko lui a dit que c’était lui qui avait donné l’ordre de tuer Modibo Kéita. Sidi Mohamed Sall, médecin chef, n’était pas à Bamako au moment de la mort de l’ancien président, mais a affirmé que les causes présumées de la mort de Modibo Kéita étaient des affections cardio-vasculaires. D’autres témoins ont fait état du suicide ou non de Faran Samaké. Fanta Samaké a rejeté ces témoignages qui, selon elle, sont truqués et monnayés.

Elle a notamment déclaré : ‘’ On demeure la tête haute, l’homme qui était notre père a servi le Mali dignement. Nous n’avons pas honte. ‘’ Son frère Amadou Samaké a loué les qualités de son père, qui, a-t-il martelé, a préféré son pays et ne devait rien à personne. ‘’ Il a rejeté le témoignage de Mme Diarra Astan Traoré que sa famille, a-t-il dit, ne connaît pas. ‘’ On ne veut pas qu’on accuse notre père, a-t-il dit, à tort. ‘’La partie civile a tenu à prouver la diffamation et demandé d’apporter la preuve de l’assassinat, de l’existence du poison et de la prescription.

Elle s’est donc surtout basée sur l’absence des éléments matériels constitutifs de preuve. La défense a indiqué que la charge de la preuve ne lui incombait pas et que c’était à la partie civile d’apporter la preuve de son accusation. Sur ce point, les deux parties se sont renvoyées la charge de la preuve. Amadou Seydou Traoré a regretté l’absence de Moussa Traoré à la barre. ‘’ J’aurai voulu, a-t-il dit, qu’il soit présent dans la salle et qu’on se dise les choses, les yeux dans les yeux. ‘’ La défense a démontré la prescription de faits qui se sont déroulés il y a plus de 30 ans.

Ce que la partie civile a rejeté, en invoquant une infraction qui n’a eu lieu que récemment, c’est-à-dire au moment de l’infraction. Pour elle, il n’y a donc pas eu prescription. En fait, c’est surtout une bataille de procédure que les parties ont engagée. C’est donc, ont conclu les avocats de la défense, un procès inutile, un véritable gâchis, puisque ce procès, ont-ils dit, ne devait pas avoir lieu. Finalement, le juge a écarté la culpabilité d’Amadou Seydou Traoré des faits de diffamation et débouté les parties civiles. Il a aussi demandé la restitution de la consignation des parties civiles.

Baba Dembélé

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